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«Le chemin devient un peu étroit pour le dessin de presse»

Pour le site Uzbek & Rica, on a parlé censure, cancel culture et futur du dessin de presse avec Patrick Chappatte, collaborateur régulier du Temps, du Spiegel et du Canard Enchaîné. Interview de Philippe Chassepot.

Chappatte à TED 2019
Patrick Chappatte à la conférence TED Summit, Edinbourg, juillet 2019


 


[7 mai 2021] Patrick Chappatte est une référence du dessin de presse depuis déjà plusieurs décennies. Et pas seulement en francophonie, puisque le dessinateur suisse écrit aussi en anglais. (…) Il voit sa profession secouée comme jamais, avec certaines dérives inquiétantes. En 2019, le New York Times décidait d’arrêter le dessin de presse (mettant ainsi fin à son contrat après vingt ans de collaboration) suite à des accusations d’antisémitisme provoquées par la publication d’une caricature de Benjamin Netanyahu par le dessinateur portugais Antonio Antunes. Plus récemment, c’est Le Monde qui a tangué devant la polémique suscitée par un dessin de Xavier Gorce.  Patrick Chappatte revient ici sur ces deux événements, ainsi que sur les menaces qui pèsent partout dans le monde.
 

Usbek & Rica : Quel état des lieux faites-vous du dessin de presse ?

Patrick Chappatte : Il va bien et mal à la fois. Il reste un outil très contemporain et efficace dans un monde de l’image et du temps court, mais il est également très bousculé. Bousculé, il l’a toujours été dans la majeure partie du monde, à cause des nombreux systèmes non démocratiques où tout regard critique est impossible. Mais il l’est aussi dans nos démocraties, pour des raisons liées aux nouvelles guerres culturelles. Des guerres meurtrières quand il s’agit de terrorisme islamiste, et d’autres certes moins meurtrières mais préoccupantes quand il s’agit de luttes identitaires qui demandent à faire taire ceux qu’elles estiment être insultants.

La censure qui vient de la société civile, on ne l’avait pas forcément anticipée ces dernières années…

Ce qui me surprend, c’est la vitesse avec laquelle ce qui s’est passé au New York Times est arrivé en Europe. Les méthodes de ces nouveaux groupes revendicateurs ont été importées très vite, avec les mêmes effets.

Ce qui est curieux, c’est que dans le soi-disant berceau de la liberté d’expression, le pays qui a été Charlie très récemment, et dans des titres qui ont vigoureusement défendu Charlie – je pense ici au Mondeet à l’affaire Xavier Gorce – on a très vite pris le pli de la gestion de crise façon New York Times : on recule, on s’excuse, on cède devant la pression de mouvements qui possèdent d’énormes leviers via les réseaux sociaux.

Les journaux savent pourtant que céder une fois, c’est céder toujours…

Le Monde a cédé dans le sens où ils se sont excusés dans les 24 heures, avalisant du même coup le discours offensé, la susceptibilité et l’interprétation extrêmement étroite et très binaire d’un dessin. Un dessin est basé sur l’humour, et l’humour est ambigu…

LIRE L’INTERVIEW COMPLÈTE SUR LE SITE UZBEK & RICA

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